Le bonheur en cevennes Christian Laborie OmnibusRésumé :L’Appel des drailles – Au début du 20e siècle Antoine Chabrol s’installe l’été sur le Causse pour cinq mois avec son troupeau, laissant sa femme et leurs quatre enfants. Mais une année la révolte éclate dans la région et les secrets de famille des Chabrol remontent à la surface.
Les drailles oubliées – La Première Guerre mondiale laisse Marie Chabrol seule après la mort de son mari. Elle quitte avec son fils les Cévennes pour Paris. Sa soeur Louise, bravant la tradition, va remplacer les hommes partis au combat, et sa belle-soeur part à la recherche de son mari disparu dans les tranchées…
L’Arbre d’or – Damien, fils de paysan, est amoureux d’Héloïse, issue d’une famille bourgeoise. Leur mariage étant impossible, ils cachent leur relation. Or Martial, le frère de la jeune femme, découvre leur secret et tente de ruiner la vie du fermier.

Mon avis : Ce « pavé » est composé de 3 romans dont les 2 premiers sont les tomes 1 et 2 d’une même histoire. En effet, les romans L’Appel des drailles et Les drailles oubliées racontent l’histoire de la famille Chabrol sur presque un siècle.

Le tome 1, L’appel des drailles nous fait découvrir la famille Chabrol. Nous sommes fin du 19ème siècle, Antoine et sa femme Adeline forment une belle famille avec leurs enfants. Leur vie est rythmée par la transhumance. Antoine mène ses chèvres sur les hauteurs des Cévennes, 5 mois par an. Un déchirement pour Adeline, qui reste seule à gérer la ferme et leurs enfants en bas âge. Cependant, elle sait qu’au-delà de l’obligation, Antoine a besoin de partir sur les drailles qu’il connait depuis son plus jeune âge, cela lui est aussi vital que l’air qu’il respire. Cela fait parti de lui. Les terres et le troupeau appartiennent au châtelain. Ils sont pauvres mais un amour profond unis cette famille.

Le tome 2, Les drailles oubliées, nous projette quelques années plus tard. Les enfants sont presque tous adultes. Le monde vient de vivre la première guerre mondiale.La famille Chabrol est toujours unis mais elle a connu ses drames. C’est plus la vie des enfants que nous suivons et les changements de société inéluctables.

L’arbre d’or, n’est pas du tout un tome 3. Nous faisons la connaissance de Damien et sa famille. Ces paysans vendent les cocons de soie des vers à soie à une usine de textile de la région. Nous restons dans la nature,  découvrons un autre univers toutefois les thèmes sont identiques.

Tout d’abord, j’ai pris grand plaisir à faire la connaissance de la famille Chabrol. Je me suis attachée aux personnages assez facilement malgré leur nombre. Y compris aux personnages secondaires. J’ai eu plus de mal à m’attacher aux personnages de l’arbre d’or car je l’ai lu quasiment dans la foulée et j’ai eu du mal à oublier la famille Chabrol.

Pour les 2 histoires, j’ai découvert une façon de vivre en phase avec les lois de la nature. D’ailleurs les descriptions m’ont fait visualiser sans peine les scènes en montagne. Les 2 familles sont semblables : famille de paysans, durs au labeur, famille aimante et soudée, avec des valeurs fortes. Les personnages de terroir, sont attachés à la terre, à leur métier transmis de père en fils.

On reste toujours dans l’opposition paysans et pauvres contre riches et patrons. De même, le thème de la scolarité tient une bonne place dans l’écriture : les études permettent l’affranchissement à un « seigneur », une autre vie possible. J’en déduis, que ce sont des thèmes chers à l’auteur. J’ai beaucoup apprécié le style d’écriture fluide de Christian Laborie qui, en toute simplicité a su m’émouvoir et me tirer les larmes plus d’une fois.

L’auteur a su distiller les secrets de famille, les chagrins et drames de la vie de façon naturelle. Et nous a replongé dans des faits historiques comme les 2 guerres mondiales sans en faire un ouvrage scolaire et indigeste. De même, j’ai pu retrouvé dans les 2 histoires, les prémices du changement de société : les premiers pas dans l’industrialisation ce qui a éteint certains métiers.

J’aurais pu détailler plus sur chaque roman et faire une chronique distincte hors j’en aurai trop dit. Ma préférence revient largement au tome 1 L’Appel des Drailles qui m’a beaucoup émue. Et pour lequel j’avais l’impression de retrouver (peut-être) un bout du quotidien de mes ancêtres paysans. Dans le tome 2, tout va plus vite, y compris le monde, la société…J’ai préféré le rythme plus lent des drailles…

Je vous conseille de lire les 2 tomes ensemble mais d’attendre un peu avant de lire l’Arbre d’or, sous peine de lire une histoire semblable et de prendre moins de plaisir à la lecture.

Je conseille ce recueil de 3 romans à tous les amoureux de la nature, de la vie au 19 ème siècle. Ces romans ont un petit air de Pagnol.

Je remercie Babelio et les éditions Omnibus pour cette belle découverte. J’avais très envie de lire Christian Laborie : c’est chose faite et j’en suis ravie.